Explorer la nature vivante : les plus beaux sentiers découverte du Pays de Seltz-Lauterbourg

30 septembre 2025

Le Jardin d’Europe du Nord : le sentier découverte du Delta de la Sauer

Entre Seltz et Munchhausen, le Delta de la Sauer déploie sa grande langue verte vers le Rhin. Zone Ramsar depuis 2003 (Convention Ramsar), ce secteur est reconnu d’importance internationale pour ses zones humides. Le sentier découverte balisé (environ 5 km aller-retour) démarre près du parking de la base de loisirs de Seltz et serpente jusqu’à l’observatoire en bois, surélevant discrètement l’humain pour mieux observer la vie sauvage.

  • Oiseaux en vedette : 241 espèces d’oiseaux recensées (source CPIE Pays de Bourgogne), dont la rare sterne pierregarin, le martin-pêcheur ou le héron bihoreau.
  • Ambiance : au printemps, la zone s’anime des chants de grenouilles agiles, tandis qu’en été, la flore (iris des marais, populages, orchidées sauvages) jaillit littéralement sous vos yeux.
  • Conseils : table d’observation et panneaux explicatifs ponctuent le parcours. Privilégiez l’aube ou la fin d’après-midi pour surprendre la faune.

Rencontré sur le site, Denis, ornithologue amateur, raconte : “En mai, on peut croiser le balbuzard pêcheur en chasse. Lorsqu’un claquement d’ailes soudain jaillit au-dessus de l’eau, restez immobile : le spectacle vaut tous les détours.”

Dunes, pins sylvestres et cigognes blanches : la Réserve Naturelle de la Sauer

En s’éloignant du fleuve, direction Munchhausen : la Réserve Naturelle de la Sauer (article L332-1 du Code de l’Environnement, FR 4300378 selon Natura 2000) protège 486 hectares d’écosystèmes uniques. Le sentier découverte (4,6 km) est ponctué de bornes pédagogiques, invitant à décrypter les interactions subtiles entre l’eau, les sols et la vie.

  • Richesse floristique : présence de plus de 350 espèces végétales, dont la fritillaire pintade (espèce protégée au niveau national depuis 1982), et la salicaire commune typique des bords de Sauer.
  • Faune visible : cigogne blanche (22 couples recensés en 2022, source GORNA), crapaud calamite, et chevreuils au petit matin.
  • Points forts : accès aisé par le village, plateformes d’observation installées à distance des nids sensibles.

C’est aussi un paradis pour les petits naturalistes en herbe. Chaque année, les associations locales proposent des animations scolaires pour découvrir la mare et ses habitants à la loupe. Voir un triton crêté se faufiler dans les herbes reste un vrai privilège.

Les forêts alluviales du Rhin : immersion au sentier de la forêt de Mothern

À l’extrême est, le sentier d’interprétation de la Forêt de Mothern (3,2 km, balisage rectangle rouge du Club Vosgien) déroule un tapis d’ombre et de lumière. Ici, l’élan vital des arbres se mêle au chuchotement persistant du Rhin invisible, tout proche. Forêt galerie typique des bords du fleuve, elle héberge frênes, aulnes glutineux, saules et peupliers noirs – arbres champions de l’absorption des crues.

  • Ambiance sensorielle : odeur d’humus, percées de rayons dorés, grenouilles en embuscade.
  • Espèces à guetter : pics épeiche et pics vert, blaireaux (trous en bord de sentier), grands papillons nacrés.
  • Petite anecdote : les anciens racontent que certains soirs, le brame du cerf venait jusque dans le village. Aujourd’hui, il n’est plus que rare invité – mais la discrétion rend les observations précieuses.

La biodiversité forestière de cette zone bénéficie du label « Forêt d’Exception® » attribué en 2013 à l'ensemble du massif rhénan (source ONF). Les circuits éducatifs permettent aussi d’aborder les enjeux de gestion durable et la cohabitation avec les castors, réintroduits dans les années 1970.

Landes, orchidées et papillons : le Domaine Nature de Beinheim

Départ pour le sud-ouest du territoire, aux abords du petit village de Beinheim. Le « Domaine Nature » inaugure un parcours pédagogique de 2,5 km, très accessible, dédié aux pelouses sèches d’anciennes gravières. Entre avril et juin, c’est la fête des couleurs et des insectes.

  • Flore exceptionnelle : 28 espèces d’orchidées recensées dans la zone, dont l’ophrys abeille, joyau miniature adapté au sol calcaire.
  • Faune discrète : papillon flambé, azuré des cytises, alouette lulu. Les lièvres y laissent souvent leur trace au petit matin.
  • Actions locales : depuis 2006, l’association APOLLO gère le pâturage extensif de poneys et de chèvres pour maintenir la diversité floristique (source : dossier Natura 2000 secteur Platier de Beinheim).

Là, le silence impressionne. Les botanistes avertis partagent parfois des anecdotes surprenantes, comme le retour du lézard vert occidental, espèce protégée qui profite de la chaleur des pierres plates.

Marais, bras morts et libellules : le sentier de la Moder à Seltz

Le marais de la Moder offre une immersion dans les zones humides intérieures. Long de 2 km, le sentier sur pilotis – nouveauté inaugurée en 2019 grâce au financement de la Région Grand Est – permet d’observer la transformation lente d’une prairie inondable en forêt marécageuse.

  • Espèces emblématiques : 65 espèces de libellules (source Odonat Grand Est), dont la libellule à quatre taches très présente en juin.
  • Ambiance : bruissement des roseaux, papillons de nuit par milliers attirés par les fleurs vespérales.
  • Astuce observation : à la tombée du jour, le chevreuil traverse souvent les bras morts en silence, surpris par la rareté du passage humain.

Une application mobile (proposée par la Communauté de Communes) permet de télécharger des fiches d’identification pour les plus jeunes. Une expérience sensorielle qui relie petits et grands, experts et promeneurs du dimanche.

Petit guide pratique pour explorer la faune et la flore locales

  • Périodes idéales : le printemps et le début de l’été sont les plus riches (pics de floraisons, migration des oiseaux). L’automne réserve de belles surprises, notamment côté mammifères discrets.
  • Équipement conseillé : jumelles, carnet de notes, fiches d’identification, vêtements couvrants en zones humides. Privilégier des chaussures résistantes à la boue.
  • Respect des sites : rester sur les sentiers balisés, éviter le dérangement (notamment en période de nidification et de floraison), ne rien cueillir ni déplacer.
  • Ressources locales : Maison de la Nature de Munchhausen (MNE-Alsace), sorties guidées Club Vosgien, campagnes participatives (ex : comptage de cigognes blanches par GORNA, inventaires papillons par l’ONF).

Un chiffre à retenir : le Pays de Seltz-Lauterbourg recense à lui seul plus de 1300 espèces animales et végétales sur ses sites classés Natura 2000 (données inventaire régional 2023). Un patrimoine naturel d’autant plus précieux qu’il est fragile.

Paroles de passionnés : regards croisés sur le vivant

Sur les sentiers, il n’est pas rare de croiser ceux qui connaissent chaque brin d’herbe, chaque chant d’oiseau. Martine, bénévole naturaliste, a accepté de livrer son secret de balade : “La zone des Vieilles-Prés à Lauterbourg, l’été, c’est le ballet des lucioles. À la nuit tombée, tout s’illumine, et on croirait toucher les étoiles au bout des doigts.”

Du côté de la Maison de la Nature, les guides rappellent que l’art de l’observation se cultive dans la lenteur : prendre le temps, se taire, s’oublier dans la patience. Les plus belles rencontres sont souvent imprévues, surgissant à l’orée du saule ou derrière une souche moussue.

L’aventure continue : des idées, un territoire à explorer

Choisir un sentier découverte dans le Pays de Seltz-Lauterbourg, c’est s’offrir l’occasion d’écouter battre le pouls d’une nature généreuse, parfois secrète, toujours surprenante. Les chemins balisés ne manquent pas, mais l’esprit d’aventure – et de respect – est la plus belle des compagnes. Observer la faune et la flore, c’est aussi contribuer à leur préservation, car chaque regard attentif participe à cet équilibre fragile qui lie l’humain à son environnement.

Ce territoire change au fil des saisons, et les initiatives locales permettent chaque année d’enrichir la carte de nouveaux sentiers ou de refuges pour la biodiversité. Renseignez-vous régulièrement auprès des offices de tourisme et des associations pour ne rien rater des prochains événements nature !

Pour prolonger l’expérience, pensez aux ateliers d’initiation à la reconnaissance des empreintes, aux sorties nocturnes pour observer les chauves-souris ou à la participation aux comptages citoyens. Ici, chaque balade peut devenir un pas de plus vers la connaissance – et la poésie – du vivant.

Bons sentiers, belles rencontres !

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