Pédaler au cœur des forêts du Pays de Seltz-Lauterbourg : conseils et itinéraires d’immersion

7 septembre 2025

Forêts et vélo : pourquoi le Pays de Seltz-Lauterbourg est unique

Si la Réserve Naturelle de la Forêt de Seltz et le massif rhénan sont connus des promeneurs avertis, beaucoup ignorent l’extraordinaire densité boisée du secteur. Plus de 6 000 hectares de forêts couvrent la Communauté de Communes, faisant du vélo le moyen idéal pour s’y perdre… et s’y retrouver.

L’atmosphère y est particulière : un patchwork d’anciennes forêts alluviales, d’étangs biologiquement riches et de chemins feuillus nimbés de brume matinale. La faune y est diverse, des chevreuils furtifs aux cigognes (une dizaine de couples nichent dans les villages alentour chaque année – source : LPO Alsace).

  • Écosystèmes préservés : la forêt de Beinheim, notamment, est classée site Natura 2000 pour ses habitats rares (forêt-galerie, prairies humides).
  • Sérénité garantie : peu de routes fréquentées, des chemins forestiers larges ou single tracks pour les vététistes, un calme à peine troublé par les piverts ou le passage d’un tracteur lointain.
  • Plongeon dans l’histoire : vestiges des anciens bacs sur le Rhin, bunkers de la Ligne Maginot aquatique, maisons forestières typiques…

Partir à vélo dans ces bois, ce n’est pas simplement une expérience sportive ou touristique – c’est une invitation à ralentir, à observer, et parfois à entendre les récits chuchotés par les habitants, à l’ombre des grands arbres.

Les parcours incontournables pour une immersion forestière

1. Le grand tour de la Forêt de Beinheim et du Delta de la Sauer

  • Distance : environ 32 km
  • Niveau : facile à moyen (chemins stabilisés, quelques portions sablonneuses en été)
  • Dénivelé : moins de 120m positif

C’est ici que la Sauer, rivière jadis capricieuse et redoutée pour ses crues, se fraie un ultime chemin entortillé entre prairies et sous-bois avant de s’offrir au Rhin. Le circuit, balisé par le club vosgien (losange vert/blanc/vert), suit les méandres – les anciens « armés » – et propose de s’immerger dans la forêt de pins, particulièrement belle au printemps quand les ajoncs jaunes tapissent les lisières. Près de la Passerelle de Munchhausen, on peut entendre, quelques semaines par an, le craquement sonore du balbuzard pêcheur à la chasse (observation depuis la Tour de la réserve, jumelles recommandées !).

Ce parcours est prisé des naturalistes pour la diversité d’oiseaux d’eau observés à l’embouchure (la zone du Delta, classée réserve Ramsar selon Ramsar.org), mais aussi des familles qui apprécient le calme, la forêt ajourée et les tables de pique-nique ombragées (notamment près de la Maison de la Nature). De nombreux panneaux d’interprétation jalonnent la route.

2. L’itinéraire Lauterbourg – Forêt du Bienwald

  • Distance : 29 km (aller-retour jusqu’à la limite de la forêt allemande)
  • Niveau : intermédiaire (montées douces, allées forestières parfois profondes l’hiver)

Depuis le port de plaisance de Lauterbourg, agréable point de départ (parking, point d’eau, aire de jeux), on rejoint l’intrigante Forêt du Bienwald. De ce vaste massif frontalier, les sentiers français s’enfoncent vers l’est, frôlant d’anciens repaires de contrebandiers. C’est d’ailleurs dans ces bois que le naturaliste local Jean-Philippe Matt* a signalé la présence régulière du chat sauvage européen, espèce discrète que l’on reconnaît à la raideur de sa queue rayée. Il m’a confié : “Parfois, on aperçoit leurs traces dans des ornières laissées par les tracteurs. Avec de la chance et du silence…”

Côté patrimoine, le circuit offre la découverte des bunkers de la Ligne Maginot aquatique (visibles près de Mothern) et la chapelle Saint-Antoine, coincée dans la verdure aux abords du village du même nom. Le paysage oscillant entre futaies claires et clairières herbacées crée une vraie variété.

3. La traversée des Bois de Seltz jusqu’au Rhin

  • Distance : 26 km en boucle depuis Seltz
  • Niveau : facile – plat, tout public

Seltz, ancienne cité médiévale et port rhénan, ouvre la voie d’un itinéraire historique et paysager. On traverse le bois communal, planté majoritairement de chênes et de robiniers, fréquenté par les écureuils roux, puis on parvient à la berge du Rhin. Le fleuve, ici, est tumultueux : en période de hautes eaux, il gronde et embaume les berges d’une odeur de vase mêlée à celle des saules. À l’automne, les champignons (cèpes, trompettes de la mort, girolles – toujours avec discernement) attirent les connaisseurs. Certains anciens racontent y avoir vu des “galets bleus”, du vert-de-gris laissé par les boulets médiévaux (source : témoignage de Roger, habitant de Seltz).

L’itinéraire croise un ancien gué – le passage du bac de Seltz, dont l’histoire industrielle est résumée sur place. Pause possible à la Guinguette du Bac, ambiance décontractée, avant de revenir par la digue, où la lumière de fin de journée est somptueuse.

4. Alternance forêt et étangs : circuit de Scheibenhard

  • Distance : 23 km (possible d’allonger, variantes pour les plus sportifs)
  • Niveau : facile, variantes VTT possibles

À la frontière allemande, le village double de Scheibenhard/Scheibenhardt propose une immersion unique : le sentier (balisé CV67) file à la fois sous la canopée et le long de chapelets d’étangs où s’ébattent libellules et grèbes huppés. L’atmosphère changeante – rosée matinale, effluves de terre noire, résonance feutrée du bruit des pneus sur les aiguilles de pins – ne laisse personne indifférent.

Ici, l’Association des Pêcheurs anime régulièrement des journées nature : un membre, Monsieur Grosshans, aime conter l’histoire “du brochet géant” soi-disant aperçu dans l’Étang du Moulin… Le relief plat du circuit le rend idéal pour une escapade en famille ou pour les amateurs de photo animalière (attention, périodes de nidification de mars à juin, bien rester sur les chemins balisés – source : Alsace à vélo).

Conseils d’exploration : préparer sa sortie vélo en forêt

  • Respecter les balisages : certaines sections traversent des zones de préservation biologique (Réserve Naturelle de la Sauer par exemple), l’accès hors sentier y est strictement interdit.
  • Prévoir une bombe anti-tiques (zones humides = présence importante au printemps et en début d’été – source : Santé publique France).
  • Avoir de l’eau en quantité suffisante : rareté des points d’eau potable même en village (sauf fontaines de secours à la Maison de la Nature).
  • Kit crevaisons indispensable : épines et pierres parfois coupantes sur certains chemins forestiers anciens.
  • Observation de la faune : partir tôt le matin ou en début de soirée pour maximiser ses chances, rouler silencieusement; prévoir jumelles pour les oiseaux d’eau et les rapaces.
  • Saison idéale : avril à fin octobre, avec mention spéciale pour la brume des matins d’automne.

L’avis des passionnés locaux

Pour mieux saisir l’âme de ces forêts, rien ne vaut la parole de ceux qui les parcourent, saison après saison.

  • Sabine, enseignante retraitée, Seltz : “C’est quand la lumière perce à travers les taillis, tôt le matin, que j’aime le plus rouler. Un chevreuil, des traces de sanglier – et l’impression fugace de remonter le temps, loin du monde.”
  • Philippe, guide naturaliste : “Le bras mort du Rhin à Munchhausen est un paradis pour qui sait s’arrêter et regarder. Gérard, le garde forestier, m’a montré un jour la silhouette furtive d’un blaireau au crépuscule. On ne fait que de belles rencontres à vélo, dans ces bois.”
  • Luc, 14 ans, cycliste amateur : “Je préfère le circuit de Beinheim, parce qu’il n’y a pas de voiture, juste des châtaigniers et des champignons. A vélo, c’est vraiment l’aventure.”

Oser l’aventure, à petite ou grande foulée

Prendre son vélo et plonger dans la forêt du Pays de Seltz-Lauterbourg, c’est ouvrir une porte sur un territoire dont les richesses se dévoilent à celui qui prend le temps de regarder, d’écouter, d’oser s’aventurer loin des sentiers battus. Que l’on cherche la tranquillité, l’observation naturaliste ou la simple joie du vent dans les branches, chaque itinéraire ici offre une immersion authentique – un retour à soi, autant qu’un dialogue avec la mémoire d’un pays rhénan où la nature et l’histoire s’entremêlent indissolublement.

Pour prolonger l’expérience, de nombreux circuits détaillés sont disponibles sur Alsace à Vélo, le site de la Communauté de Communes ou à la Maison de la Nature de Munchhausen. À vos guidons, à vos découvertes !

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