Entre deux rives : Itinéraires à vélo franco-allemands depuis Lauterbourg

20 septembre 2025

Lauterbourg, un point de départ stratégique à la frontière

PERCHÉE dans le Nord-Est alsacien, Lauterbourg s’épanouit au confluent de la Lauter et du Rhin, dernier village français avant l’Ardente Allemagne. Depuis la rénovation de la gare de Lauterbourg (2009) et la revitalisation de la véloroute Véloroute Rhin EV15, la petite ville s’est imposée comme une étape incontournable pour les amateurs de balades transfrontalières. En 2019, la ville a comptabilisé plus de 20 000 passages cyclistes sur ses chemins balisés (source : Office de tourisme du Pays de Seltz-Lauterbourg).

L’atout de Lauterbourg ? Sa situation privilégiée, le long de la Véloroute Rhin EV15, qui relie Rotterdam à Andermatt, et la connivence naturelle de ses habitants avec la culture allemande toute proche.

Des pistes cyclables vers l’Allemagne : un réseau dense et transfrontalier

  • La Véloroute Rhin EV15 (EuroVelo 15) : Incontournable, elle traverse Lauterbourg pour filer vers Wörth am Rhein et Karlsruhe à l’Est. Large, bien balisée, elle longe tour à tour les digues, la plaine du Rhin, traverse forêts alluviales, prairies inondables. On y croise autant de cyclistes-locaux que de familles venues d’outre-Rhin pour profiter du calme alsacien.
  • Boucle Lauterbourg – Neuburg am Rhein: Une boucle cyclable de 18 km, via l’ancien poste-frontière, permet de rallier Neuburg, pittoresque village allemand, en franchissant la Lauter sur un petit pont au charme suranné. L’occasion d’admirer les anciennes douanes, aujourd’hui réinvesties en lieux de mémoire (Pays de Seltz-Lauterbourg).
  • Connexion avec la véloroute Pamina Rhin: Le Corridor cyclable franco-allemand PAMINA (Palatinat, Mittlerer Oberrhein, Nord Alsace) relie Lauterbourg à Wissembourg et à l’Allemagne, permettant une découverte des villages typiques d’Alsace du Nord et du Bade-Wurtemberg. Parfait pour une itinérance sur plusieurs jours.

À ne pas manquer sur le parcours

  • Le passage de la frontière: Un symbole fort, souvent matérialisé par les anciens postes. L’ambiance change subtilement – signalisation, couleurs de panneaux, accent des passants.
  • Les réserves naturelles rhénanes: Sur la digue, la faune foisonne : cigognes, hérons, chevreuils. Parfois, une brume matinale flotte sur les bras du Rhin.
  • Les villages riverains : Schwartzach, Neuburg am Rhein côté allemand, Mothern côté français, offrent un cadre parfait pour la halte gourmande : Brezels, Schorle ou tarte flambée selon l’envie du moment.

Des paysages entre terre et eau

Le cyclotouriste ne manquera pas d’être saisi en pédalant sur la digue du Rhin : à gauche, les forêts alsaciennes, à droite, le fleuve, monument liquide et frontière naturelle depuis des siècles. Dès le printemps, l’air se parfume de fleurs sauvages. On traverse des écluses, longe des étangs, s’arrête face à des vasières où nichent les oiseaux migrateurs. Ce n’est pas pour rien que le secteur est reconnu Réserve Naturelle Nationale sur plusieurs kilomètres (RNN Plaine du Rhin).

En automne, la lumière accentue les tons mordorés des feuillages, et le Rhin reflète ce camaïeu, majestueux sous le passage des péniches. Un habitué du secteur, Bernard, retraité passionné de vélo, confie : « Parfois, au lever du jour, on a l’impression de rouler sur un autre continent, surtout quand les brumes recouvrent la plaine. Les chevreuils traversent devant le guidon – une Alsace presque sauvage ! »

Informations pratiques et bonnes adresses pour préparer sa balade

  • Accès : Lauterbourg est desservie par la SNCF (TER Strasbourg-Lauterbourg) et la Deutsche Bahn. Possibilité d’embarquer son vélo, sous conditions. (source : SNCF Voyageurs)
  • Signalisation : Les routes sont fléchées avec des indications précises côté français (panneaux verts avec pictogrammes vélo) ; côté allemand, le balisage est tout aussi rigoureux, à l’exception de certains petits chemins de halage.
  • Bateaux-pendus & Passages transfrontaliers : Tradition encore vivace, le bac piétons/cyclistes relie Drusenheim à Greffern, mais à Lauterbourg, on privilégie la traversée terrestre via le pont ou l'ancien poste-frontière.
  • Ravitaillement : Épicerie à Lauterbourg, boulangerie à Mothern, café en terrasse à Neuburg (essayer le « Kaffee und Kuchen » du « Brauhaus am Rhein » local pour la pause), plusieurs points d’eau accessibles.

À noter : le week-end, certains cafés ferment tôt côté allemand, mieux vaut prévoir une gourde pleine !

Outils indispensables pour s’orienter

  • Carte papier « Véloroute Rhin & Rhin Pamina » – disponible à l’Office de Tourisme.
  • Appli Komoot ou France Vélo Tourisme pour tracer ou télécharger l’itinéraire.
  • Guides locaux – notamment la brochure « Balades à vélo en Pays Rhénan ».

Un peu d’Histoire : la frontière, un fil à pédaler

Impossible de traverser ces territoires sans sentir l’épaisseur du passé. La frontière franco-allemande a changé de statut tant de fois (1871-1918, 1940-1945) qu’elle n’est jamais vécue ici comme une barrière, mais comme une veine nourricière. De nombreux cyclistes témoignent d’échanges quotidiens plus faciles depuis l’espace Schengen : aujourd’hui, près de 500 travailleurs frontaliers traversent chaque jour le Rhin à vélo entre Lauterbourg et Wörth am Rhein (source : INSEE, chiffres 2021).

Les anciens postes de douane, graffitis d’antan ou petites chapelles commémoratives ponctuent l’itinéraire. Les plus attentifs noteront parfois une stèle, un panneau historique (“Hier verlief die Grenze”) ou une ancienne borne frontière, marquant d’autres époques, d’autres mondes. René, habitant de Lauterbourg, partage : « Nous passions ce pont enfants pour aller chercher des bonbons que les Allemands n’avaient pas pareil, c’était l’aventure, mais aussi une habitude partagée par toutes les familles d’ici. »

Pour quel public et quels niveaux ?

  • Familles : Parcours plats, sécurisés, peu de dénivelé — parfait pour remorques et petits vélos.
  • Randonneurs sportifs : Les itinéraires peuvent être allongés en rejoignant le canal de Büchelberg ou en poursuivant jusqu’à Karlsruhe (env. 60 km aller-retour).
  • Groupes & scolaires : Balades à thèmes possibles (bilinguisme, histoire des frontières, patrimoine naturel), notamment encadrées par l’Association Vélo-Rando Lauterbourg.

En été, lors du Fahrradtag am Rhein (Journée du vélo sur le Rhin), une animation prend place sur plusieurs points de passage entre France et Allemagne : stands de réparateurs, dégustations, concerts – et l’occasion de rouler « sans frontière » (source : Stadt Wörth am Rhein, 2023).

Anecdotes et témoignages : la route, sociale et vivante

Pas une saison sans que les parcours ne résonnent de voix multilingues. Un habitant de Neuburg témoigne : « Le week-end, je viens faire mon marché à Lauterbourg à vélo, c’est simple – en 20 minutes je suis revenu côté allemand avec mes produits. Ici, on ne connaît plus la solitude. »

Et les surprises ne manquent pas : la découverte d’un marché de producteurs improvisé, un club cycliste allemand venu faire étape au bistrot de Lauterbourg, ou une parade de carnaval traversant la digue au printemps. Le tracé des frontières n’empêche plus la convivialité d’éclore de chaque côté du fleuve.

Quels projets d’avenir pour le vélo à la frontière ?

Les collectivités locales ne s’arrêtent pas là : extension prévue de la Véloroute Rhin jusqu’à Rastatt avec création de nouvelles aires de repos, rénovation d’anciennes haltes ferroviaires transformées en relais-cyclistes. L’enjeu ? Accueillir encore plus de cyclo-randonneurs, sans dénaturer la tranquillité des paysages. Un projet de signalétique trilingue démarre aussi (français, allemand, anglais) pour rendre l’itinérance plus facile aux touristes internationaux.

De quoi promettre à cette porte frontalière, entre Lauterbourg et l’Allemagne, une vitalité renouvelée, autour d’un patrimoine naturel et humain jamais figé. Que vous soyez flâneur du dimanche ou cycliste polyglotte, la frontière s’efface en douceur, laissant le champ libre à l’exploration, à la rencontre… et aux grandes inspirations sur deux roues.

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