Créée en 1997, la réserve naturelle de Munchhausen (officiellement : Réserve Naturelle Régionale du Delta de la Sauer) s’étend sur 486 hectares, englobant le confluent de la Sauer et du Rhin. Dans cette zone alluviale, chaque crue du grand fleuve sculpte des paysages mouvants et enrichit une mosaïque d’habitats : prairies humides, forêts alluviales, plans d’eau et îlots. Depuis toujours, l’homme s’est accommodé de ces terres mouvantes, tantôt hostiles, tantôt nourricières — et la faune s’y est taillée une niche d’exception. Plus de 200 espèces d’oiseaux recensées : hérons pourprés, aigrettes, balbuzards pêcheurs, sans compter les martins-pêcheurs, aussi bleus qu’un matin de printemps.
La gestion de la réserve est assurée par le Conservatoire d’espaces naturels d’Alsace (CEN Alsace), qui insiste sur la richesse unique de ces milieux régulièrement inondés et peu impactés par l’urbanisation (source : Reserves-naturelles.org).
Les possibilités de promenade sont nombreuses et s’adressent à tous, du simple curieux au passionné de nature. Pour mieux choisir votre chemin, voici trois itinéraires éprouvés et complémentaires :
Ce sentier familial est idéal avec des enfants ; il est praticable toute l’année, mais attention : lors de fortes crues, certains passages sont inondés (se renseigner auprès de la mairie de Munchhausen ou du CEN Alsace).
Cette boucle s’adresse à ceux qui cherchent une expérience à la fois patrimoniale et naturaliste. Les anciens du village racontent que, chaque printemps, les inondations ramenaient l’anguille jusqu’à la place, provoquant un attroupement curieux — une anecdote qui rappelle la vitalité passée de la pêche en ces lieux.
La magie ici, c’est que le grand fleuve n’est jamais loin : on respire ses brumes au matin, on devine ses écluses, et au crépuscule, ce sont les cigognes, habitant fidèles, qui rythment le retour en ville.
André Geiger, ornithologue amateur de la région, livre ce souvenir : « En 2011, lors d’une crue exceptionnelle, j’ai vu pour la première fois un balbuzard pêcheur plonger à moins de cinq mètres de l’observatoire. Le cri aigrillonné du rapace a traversé le matin de brume ; ce jour-là, j’ai compris à quel point la préservation de ce lieu rare permettait des rencontres qu’on croyait impossibles sur nos berges humanisées. »
Un autre habitant rappelle l’époque où, enfant, il traversait la digue à la rame pour aller chercher des jonquilles, interdites à la cueillette aujourd’hui, mais dont la floraison sauvage était un emblème du printemps rhénan.
Explorer la réserve de Munchhausen, c’est accepter d’entrer dans une géographie vivante, vibrante, parfois secrète. Ici, les battements des ailes et la voix du fleuve résonnent partout, les pieds sur la mousse, le regard suspendu au-dessus des roseaux. C’est un territoire qui n’offre ses richesses qu’à qui prend le temps… Et surtout, ses sentiers sont autant d’occasions, pour les voyageurs attentifs, de constater que le Nord de l’Alsace n’a rien à envier aux grandes réserves du continent : le spectacle est là, prélude à d’autres découvertes, tout en authenticité.