Au nord du Pays de Seltz-Lauterbourg, la réserve naturelle de Munchhausen déploie ses 115 hectares sauvages dans un méandre du Rhin, à la lisière de la frontière allemande. Ici, ce n’est pas seulement la Loire qui serpente, mais bien le Rhin, dont les inondations régulières façonnent cette mosaïque d’anciens bras morts, de forêts alluviales, de prairies humides et de roselières aux chants d’oiseaux. Classée depuis 1997, cette réserve protège un patrimoine naturel exceptionnel : une biodiversité remarquable, dont plus de 200 espèces d’oiseaux (source : Réserve naturelle nationale de la Sauer Delta du Rhin).
Observer butors étoilés, guêpiers d’Europe ou martin-pêcheurs, croiser la trace d’un castor ou d’un chevreuil, pédaler sur de petits chemins entre les épanchements d’eau et sentir les saules et les aulnes… Tout cela se vit intensément, à la force des mollets, grâce à la remarquable accessibilité cyclable du secteur.
Impossible d’évoquer le vélo à Munchhausen sans citer l’EuroVelo 15, ou « Véloroute du Rhin ». Cet itinéraire international relie Andermatt en Suisse à Rotterdam aux Pays-Bas, filant sur près de 1 500 km en longeant le Rhin. Entre Seltz et Lauterbourg, la portion alsacienne offre l’une de ses escapades les plus sauvages.
Pour quitter la grande véloroute et savourer l’arrière-pays, une boucle locale remarquable, balisée par la Communauté de communes, fait le lien entre la réserve naturelle, Mothern et Lauterbourg. C’est le circuit préféré de nombreux locaux, car il entremêle patrimoine villageois, forêts galeries, observatoires ornithologiques et panoramas inattendus sur les bras du fleuve.
Anecdote locale : le circuit croise l’ancien chemin de halage, où jusqu’au XXe siècle, les chevaux accompagnaient péniches et gabares dans leur lent trajet sur le Rhin. Certains anciens montrent encore, aux abords de Munchhausen, des galets polis par les sabots.
Les plus téméraires pourront pousser jusqu’à la frontière est (Scheibenhard), via une liaison cyclable discrète (balisage n°13). À travers bois et prairies inondables, ce segment de 9 km offre une ambiance unique : ici, le fleuve sert de frontière naturelle, on pédale à quelques mètres de l’Allemagne. Arrivés à Scheibenhard, arrêtez-vous à la terrasse d’un café frontalier, où les discussions alternent entre dialecte, français et allemand !
La grande majorité des itinéraires sont adaptés aux vélos de tourisme (VTC) ou VAE (vélos à assistance électrique). Les routes sont en bon état, mais pour vous aventurer au ras de l’eau ou tenter la boucle « sentier sauvage » en lisière de réserve, mieux vaut un VTT ou un VTC à pneus larges, surtout en cas de pluie où la boue corse l’expérience.
Témoignage de Jean Lucas, cycliste naturaliste habitant Seltz : « À chaque passage sur la digue entre Munchhausen et Mothern, quand la brume du matin se dissipe, on aperçoit parfois une ligne de hérons se découpant sur la rive. C’est d’un calme incroyable, un contraste si fort avec le tumulte plus au sud sur l’EuroVelo. »
La réserve de Munchhausen fait partie du réseau Natura 2000, toute dérive hors des chemins peut être sanctionnée d’une amende (jusqu’à 135 €).
Pour en savoir plus : Réserve naturelle nationale de la Sauer – Delta du Rhin.
Des cartes papier gratuites sont disponibles à l’Office de Tourisme de Seltz-Lauterbourg (Voir le site).
La réserve de Munchhausen n’a pas encore livré tous ses secrets aux cyclistes : chaque saison ouvre de nouvelles perspectives, chaque détour sur les chemins « hors sentiers battus » amène son lot de surprises et de rencontres, parfois inattendues. Alors, guidon en main, laissez-vous porter par les embruns du Rhin et les chuchotements de la forêt… La magie se cache souvent là où le terrain se fait plus silencieux.